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vendredi 6 janvier 2012

Premiers poèmes




DANS LES SILENCES CHOISIS
(Anthologie)



EN LOS SILENCIOS ESCOGIDOS
(Antología)






Rodrigo Durand Campos
(Septiembre / Septembre 2006)
Du même auteur aux éditions « La Porte »
Del mismo auteur en las Ediciones « La Puerta »


Entre rêves et cauchemars / Entre sueños y pesadillas
(épuisé /agotado)
(Mars/ Marzo 2000)

Enfance de papier / Infancia de papel
(épuisé /agotado)
(Janvier / Enero 2001)

Au fond l’espoir, toujours l’espoir / Al fondo la esperanza, siempre la esperanza
(épuisé /agotado)
(Mai / Mayo 2002)

L’étrange folie des mots / La extraña locura de las palabras
(épuisé /agotado)
( Décembre / Diciembre 2003)

Comme des coquelicots au gré du vent / Como amapolas al capricho del viento
( Décembre / Diciembre 2004)

Chaque jour un printemps / Cada día una primavera
(Décembre / Diciembre  2005 )





La poesía necesita sus silencios escogidos entre el tumulto de la vida.
Silencio para divagar, silencio para crear,
silencio para comprender y escoger el camino de un poema.
Así nace esta primera antología, de un silencio escogido
y del deseo de presentar algunos poemas cuyos libros
ya están agotados o cuyos versos
fueron maltratados por el peor enemigo del escritor :
los errores de impresión.

Gracias a Agnès por las últimas correcciones.
Gracias a René por sus ojos infalibles y su corazón de pan.




La poésie nécessite ses silences choisis entre les tumultes de la vie.
Silence pour divaguer, silence pour créer,
silence pour comprendre et choisir le chemin d’un poème.
Ainsi naît cette première anthologie, d’un silence choisi
et du souhait de présenter quelques poèmes dont les livres
sont déjà épuisés ou dont les vers
furent malmenés par le pire ennemi de l’écrivain :
les erreurs d’impression.

Merci à Agnès pour les dernières corrections.
Merci à René, pour ses yeux infaillibles et son cœur  de pain.



 

Entre rêves et cauchemars / Entre sueños y pesadillas

 

Editions La Porte/ Mars 2000



Alejandrinos para las micros (*)



Tonos amarillos, uniforme colectivo,
cubrieron rojos, verdes y otros coloridos,
que vestían las carrocerías y las puertas,
de viejos buses con sus huesos adoloridos.

El tiempo de llegada o bien del recorrido
depende de un espía escondido en el camino,
cuyos gestos simples y secretos van a ordenar,
que nos vayamos carreteando o tal vez sin parar.

Guitarras viejas, armónicas y acordeones,
van, contando la vida triste en los pasillos ;
alumnos buscando lindas piernas o calzones
y manos ajenas, trajinando los bolsillos

Las imágenes de la batalla de Rancagua,
botones blancos y blondas para la enagua,
calendarios, juguetes, hilo y masticables,
siguen vendiendo los niños y los miserables.

Las carrocerías han cambiado con el tiempo,
por dentro son las mismas, que mi infancia viviera.
Los chóferes envejecieron poco a poco,
como un boleto viejo o sus volantes floridos.


(*)= En Chile, las micros son autobuses urbanos de transporte colectivo



L’alexandrin des autocars chiliens



Nuances de tous les jaunes, uniforme collectif,
ont couvert les rouges et les autres coloris,
qui habillaient les carrosseries et les portes,
des vieux autocars, aux moteurs endoloris.

Le temps d’arrivée ou celui du parcours
dépend de l’espion caché dans le chemin
dont les gestes simples et secrets, gouvernent
la lenteur de l’allure ou la course sans freins.

Vieilles guitares, accordéons et harmonicas,
racontent leur vécu triste dans les couloirs ;
les élèves sont contents de voir de jolies jambes
et dans les poches fouinent, des drôles de mains étranges.

Les dessins et les images d’une bataille gagnée,
boutons blancs, dentelles roses et fermetures éclairs,
calendriers, jouets, fils à coudre et quelques bonbons,
les jeunes mères doivent vendre, pour nourrir leurs garçons.

Les carrosseries ont changé avec le temps,
mais à l’intérieur, c’est le même rêve d’enfant.
Les conducteurs ont vieilli, petit à petit,
comme un ticket jauni ou leurs volants fleuris.


Del sueño a la poesía

 


Los últimos carros, de fuego y muerte,
yacen bajo un millón de mariposas
y en las calles desfila la gente
porque la guerra ha terminado.

Las flores brotan en las lozas,
de avenidas y de calles del costado,
en lugar de la eterna  miseria
y de la prostituta desamparada.

En todas partes, alegría y feria,
en todas partes, tu casa, tu posada.
La patria es un papel amarillento,
las fronteras son de otro tiempo.

Entonces despiertas, desengañado,
porque todo esto es mentira.
Pero por este sueño que rima,
vivirás, para que sea verdadero.



De la poésie au rêve

 


Les derniers chars d’assaut,
gisent sous une tonne de papillons
et dans les rues on défile,
car la guerre est bien finie.

Dans les grandes avenues,
les fleurs habillent les pavés,
à la place de la misère éternelle
et de la prostituée désemparée.

Partout les gens sont heureux,
partout ils se sentent chez eux,
la patrie n’est qu’un papier,
les frontières, c’est du passé.

Alors, tu te demandes, désolé,
pourquoi ceci n’est pas vrai
et pour ce rêve et pour ces vers,
tu vivras, dans l’espoir de leur réalité.


Infancia

 


No busques respuesta a su inocencia,
déjala libre, única y diferente;
los derechos que el hombre defiende,
nacen en el ombligo de la infancia.

Toda la violencia del mundo
toma forma y se enraíza
en aquel puño inmundo
que osa golpear a su hija.

Que no sepan lo que es sufrir de maldad
y que jamás hagan llorar a los niños,
ni de tristeza, ni de sed, ni de crueldad,
aún menos de hambre, aún menos de frío.

El odio del mundo,  su impotencia
y toda su carga de incomprensión
corre en lágrimas de la infancia,
que no comprenden la razón.



Enfance

 


Ne menace pas leur innocence,
laisse leurs visages, libres et différents,
avec leur droit au rire et au silence,
car tous les droits, viennent de l’enfant.

Toute la violence du monde,
prend forme et s’enracine,
dans le cri et poing immonde
qui ose se poser sur les gamines.

Ne laissez pas pleurer les enfants,
ni de tristesse, ni de soif,
encore moins de faim,
encore moins de froid.

L’impuissance du monde
et toute son incompréhension
coulent dans les larmes de l’enfance
sans comprendre les raisons.


Soneto de ternura

 


Mírenlas, son la paz y las risas
del día y las plazas públicas ;
de lejos brillan sus sonrisas,
sus alegrías son tan mágicas.

Ellas hablan y no necesitan rimas,
hasta interrumpir a sus vecinas,
es porque están tan contentas
de lo que dicen y se cuentan.

Sus ojos escrutan a cada instante,
vigilan, el fruto de sus alegrías,
entre balancines y prados verdes.

¿Habrá un sentimiento más bello,
que la ternura de todas las madres
cuando hablan de sus pequeños ?


Sonnet de tendresse



Regardez-les, elles sont le sourire
du jour et des jardins publics ;
parfois de loin, on les entend rire,
leur gaîté est si magique.

Elles parlent, elles discutent,
à se couper la parole entre elles ;
elles sont fières et heureuses,
de ce qu’elles se racontent.

Leurs yeux scrutent, parfois,
les balançoires et les prés,
surveillant le fruit de leur joie.

Y a-t-il une allégresse plus belle,
que la tendresse des mères comblées
lorsqu’elles parlent  de leurs bébés?


Canto de esperanza

 

Cuando la pena venga a tu lado
y  te envuelvan sus gemidos.
Cuando tu cielo esté nublado
y te estén doliendo los latidos.

Cuando la última esperanza
amenace con irse volando
y la soledad que no has buscado
con sus hielos te vaya sepultando ...

Mira cómo sonríen los niños,
observa sus rostros inocentes,
escucha sus risas, como trinos,
la esperanza brilla en sus dientes.

Cuando el reloj de la tristeza
pare sus horas en tu puerta
y sus agujas atraviesen tu alegría
con un dolor que nadie soporta.

Cuando el mundo muestre su verdad,
dividido entre ricos y pobres
y que creas que nada cambiará,
entonces abre tu ventana a los hombres...

Mira cómo sonríen los niños,
observa sus rostros inocentes,
escucha sus risas como trinos,
la esperanza brilla en sus dientes.



Chant d’espoir


Si le chagrin vient à tes côtés
et t’entoure avec ses gémissements,
si ton ciel devient gris et plombé
et qu’il te font mal, tes battements.

Lorsque ton dernier espoir
menace de partir, en volant
et que la solitude vient s’ échoir
sur la dernière lueur de ton regard.

Regarde le sourire des enfants,
l’éclat de leurs visages innocents ;
écoute leurs rires stridents,
l’espoir brille sur leurs dents.

Lorsque la montre de la tristesse,
arrête ses heures devant ta porte
et que ses aiguilles percent ton allégresse
avec un mal que personne ne supporte.

Et lorsque le monde montre sa réalité,
divisé entre riches et pauvres
et que tu crois que rien ne peut changer,
alors ouvre toutes tes fenêtres...

Regarde le sourire des enfants,
l’éclat de leurs visages innocents ;
écoute leurs rires stridents,
l’espoir brille sur leurs dents.


El asalto de la primavera

 


En los túneles del metropolitano,
la primavera atrevida se pasea,
yo la vi deslizarse en un escote
y en la sonrisa de un viajero.

Las miradas se vuelven más claras,
brilla la flor, en el azul intenso,
de aquellos ojos atrevidos,
que desvisten mi pensamiento.

Las prendas se hacen más ligeras,
como la vida sobre los hombros,
flota un aroma de claveles,
en el perfume de las mujeres.


L’assaut du Printemps

 


Sous le métro, le printemps,
se promène sans respect,
je l’ai vu se glisser,
dans le sourire des passants.

Les regards devinrent plus clairs,
brille la rose, dans ce bleu
qui me regarde de ses deux yeux
et qui déshabille mes pensées.

Les habits se font plus légers,
comme la vie sur les épaules,
flotte un arôme d’oeillet,
parmi les femmes parfumées.


Que la justicia sea

 


Hay médicos fríos que controlan la tortura
y verdugos sin alma que viven en libertad.

Hay llagas quemadas con golpes de electricidad
y cómplices cobardes sin ninguna amargura.

Hay cuerpos sin rostro, sin nombre y ocultados
y tumbas vacías en cementerios y avenidas.

Hay familias tan separadas y destruídas
y una parte del mundo buscando ejecutados.

Hay crímenes salvajes que son imprescriptibles
y esas miradas de una tristeza insoportables.

Hay sufrimientos tan secretos e imperceptibles
y actos de ciega barbaridad, imperdonables.

Dejemos a los santos, las vírgenes y dioses,
esa dura tarea de poderlos perdonar.

Dejemos a las víctimas y a todos los hombres
el coraje de encararlos y poderlos juzgar.



Que justice soit faite

 


Il y a des tortures sous l’accord médical
et des bourreaux sans âme en toute liberté.

Il y a les chocs de cette électrode infernale
et des complices muets de peur, de lâcheté ...

Il y a des cadavres sans noms et sans adresses
et dans le sol attendent, les tombes sans rien.

Il y a des familles détruites, en détresse
et une partie du monde cherchant les siens.

Il y a des crimes qui sont imprescriptibles,
il y a des regards qui sont insoutenables.

Il y a tant de souffrances imperceptibles
et des actes sauvages impardonnables...

Laissons aux dieux, aux saints de nos images
la dure tâche de pouvoir les pardonner...

Laissons aux hommes, aux victimes le courage
de les regarder en face et de les juger.


Amparo

 

(A Fernando, Marìa Eugenia y a los que actuaron como ellos)


No me debías nada
y me abriste tu puerta,
me ofreciste tu morada,
tu corazón y la llave de cerrojos.

La esperanza, se caía muerta,
hasta que vi la fe de tus ojos
y todos mis cielos rojos,
se volvieron verde - huerta.

Me salvaste de la venganza,
me mostraste mil caminos,
me diste miel y pergaminos,
me entregaste tu confianza.

Nunca me impusiste tu pasado,
tampoco el presente de tu futuro,
fuiste firme, abierto y calmado,
fuiste consuelo del día más duro.

Hasta que una mañana partí,
lejos del fuego de tu hogar,
pero en mis hombros sentí,
tus manos de verbo amar.

En la distancia me acuerdo de ti,
de tu amparo lleno de paz
y ahora te rindo el homenaje,
porque ese tiempo de coraje,
no volverá, tal vez, jamás.








Habeas Corpus

 


(A Fernando, Marìa Eugenia et tous ceux qui ont agi comme eux.)


Tu ne me devais rien
et tu m’ouvris ta porte,
tu m’ offris ta demeure,
ton coeur et tes serrures.

L’espérance mourait de chagrin,
jusqu’ à voir la foi de tes yeux
et que tous mes cieux rouges
devinrent vert espoir.

Tu m’as sauvé de la vengeance
tu m’as montré tous les chemins,
tu m’as donné ton parchemin,
tu m’as offert le miel de ta confiance.

Tu ne m’as jamais imposé ton passé,
non plus le présent de ton futur.
Tu as été solide, ouvert et calme,
tu as consolé ma journée la plus dure.

Jusqu’au matin où je suis parti,
loin du feu de ton foyer
et sur mes épaules j’ai senti
tes mains de verbe aimer.

Dans la distance, je me souviens de toi,
de ton accueil plein de paix,
et je t’offre cet humble hommage,
car ces journées de courage,
ne reviendront, peut-être, jamais.


Sensaciones de un sueño

 


Antes que tú te duermas
yo te diré lo que el sueño,
mundo libre y sin dueño,
tiene de hermoso y sencillo.

Tan claro y sorpresivo
como el gorrión en la mañana
que se paró en tu ventana,
para verte ligera y dormida.

Tan fresco y transparente,
como las gotas de rocío,
que brillan en los pétalos
de la flor de madrugada.

Tan frágil y pasajero,
aquel momento nocturno,
como ese polvo de colores
en las alas de la mariposa.




Sensations d’un rêve

 


Avant que tu ne t’endormes
je te dirai ce que le rêve,
monde libre de matière,
a de simple et de beau.

Aussi clair et surprenant
que cette bande d’oiseaux,
qui est venu à ton balcon
pour te voir nue et légère.

Aussi transparent et frais
que ces gouttes de rosée,
qui brillent sur les pétales
au lever du soleil.

Aussi infime et merveilleux,
aussi fugace et éphémère,
que ces millions de poussières,
dans les ailes du papillon.


Dedicado

 


A las crías que esperan,
a las madres que sueñan,
a las familias repartidas,
a los combatientes torturados,
a las vidas desaparecidas,
a los pueblos emancipados.


Al bosque desflorado,
al suelo envenenado,
al río antiguo desecado,
al aguacero contaminado,
al mar, sucio en sus olas,
al aire privado de aromas.

A la esperanza de mis hermanos,
al camino de la insurrección,
al puño en alto de los araucanos,
a la mirada de las marionetas,
al corazón de mujer de la canción,
a la materia trabajada con piqueta.

A todo este mundo que espera,
a mis hijos y a las estrellas,
dedico estos simples versos,
que por falta de espacio y de papel,
escribiré otro día, cada día,
hasta entregarles la tinta de mi vida
y morir, entonces, con el alma vacía.




Dédicace

 


Aux enfants qui espèrent,
aux mères qui rêvent,
aux familles éparpillées,
aux combattants assassinés,
aux disparus à jamais,
aux peuples émancipés.

A la forêt déflorée,
à la terre empoisonnée,
à la rivière asséchée,
à la pluie acidifiée,
à la mer noyée de pétrole,
à l’air privé des arômes.

Au désespoir des dominés,
au chemin des insurgés,
au poing levé des araucans,
au coeur ouvert des femmes
au regard coquin des marionnettes,
au toucher doux, sur la statuette.

A tout ce monde qu’attends ,
à mes propres enfants,
je dédie ces simples vers,
que faute de place et de papier,
j’écrirai un jour, tous les jours,
jusqu’à partir, pour toujours.


Beso robado

 



No tememos ni a la lluvia, ni al viento,
el sol atraviesa la nube llena,
para caminar al lado de ella ;
a su lado, cómo poder parar el tiempo.

Parece cada vez más difícil
tratar de resistir a su sonrisa
a esa dulzura adivinada,
a esa ternura dibujada.

En medio de esa intensidad,
donde los segundos son Señores,
mi alma traicionera me delata ...

Y le roba la rosa de un beso ;
en mi boca viven sus pétalos
y en el pecho las espinas.


Baiser volé

 



On ne craint ni la pluie, ni le vent,
le soleil complice, transperce le nuage gris,
pour te voir de près, te tenir compagnie
et je voudrais seulement, arrêter le temps.

Il devient si dur, à s’enfuir,
de résister à sa douceur qu’on devine,
au magnétisme de son sourire,
à la tendresse que son regard dessine.

Alors, dans cette intensité
dont les secondes sont maîtres,
mon cœur, traître, me dénonce.

Et lui vola la rose d’un baiser ;
des pétales, dans ma poitrine,
dans la gorge, des épines.


Madre naturaleza

 


Reposo quiere la vida,
los versos y la poesía,
y los poetas del olvido
que esperan volver algún día.

No se puede llorar siempre,
no se ríe todo el tiempo,
como no ama cada noche
el  amante más perfecto.

El aire, pesado de perfumes,
las flores, febriles de tanto sol,
reclaman lluvias y nubes,
para crear un nuevo olor.

En el corazón de la primavera
la jornada se vestirá de gris
para tomar nueva fuerza,
y resurgir en el alelí.

El cielo azul, regresará trinando
en medio de tanta tristeza
y la alegría de sus pájaros,
irá imponiendo su canto.


El gorrión lleva en su vuelo,
el rumor del  arco iris,
que anuncia con sus colores,
el fin del reposo y del duelo.




Mère nature

 


Il faut du repos à la vie
aux vers et à la poésie,
aux poètes de l’oubli,
qui attendent pour revenir.

On ne pleure pas toujours,
on ne rit pas tout le temps
et il n’aime pas tous les jours,
le plus parfait des amants.

L’air, lourd de parfums,
les fleurs, fébriles de soleil,
réclament des nuages et du repos,
et la nature entends, là-haut.

Ainsi, au coeur du printemps,
la journée deviendra grise,
jusqu’au surlendemain,
ce n’est pas très important.

Le ciel reviendra en chantant
au milieu de la tristesse
et la joie de tous ses oiseaux
viendra réchauffer l’espoir.

L’oiseau emporte dans son vol,
la rumeur de l’arc–en- ciel
qui annonce dans ses couleurs
la fin des jours de deuil.


Enfance de papier / Infancia de papel

 

Editions La Porte / Mars 2001


Fin del verano

 


Llegan nubes trayendo tormenta,
entre dos soles de hierro y plomo
y la pradera salvaje y despierta
goza en su paja de trigo y oro.

Se van los niños rumbo a la ciudad,
los frutos del huerto pueden respirar,
con calma y tranquilos van a madurar,
salvados de esos vientres sin saciedad.

Un aire fresco al final de la estación,
se lleva el calor de las vacaciones
en las alas sonoras del moscardón.

Regresan felices los chiquillos,
con recuerdos llenando los bolsones
y el verano escondido en sus bolsillos.













 



La fin de l’Été

 


Qu’il est doux cet orage
entre deux soleils de plomb,
la nature trempée et sauvage
jouit dans ses pailles de son.

Les derniers fruits du potager,
rescapés des yeux gourmands,
peuvent enfin naître et respirer,
à l’abri des petits bedons.

C'est la fin, la fin de la saison,
les tendres vacances s’en vont,
dans les ailes sonores du bourdon.

L’enfant rejoint ses proches,
des souvenirs dans les sacoches
et l’ Été dans toutes ses poches.




Maestra

 


Nuestros padres nos habían enseñado
que la vida estaba llena de candados,
pero se olvidaron de decirnos
que eras tu quién guardaba las llaves,
para abrir las palabras y los signos,
que alumbran el saber y sus detalles.

Mi alegría vacilaba en las mañanas
entre encontrarte y aprender;
tú guíabas mis manos temblorosas
por el camino de las prosas
y movías mis dedos con canciones,
por el reino de las operaciones...

Tú sabes ser seria y severa,
pero a veces te cuesta tanto,
imponernos el orden y la paz,
para no despertar nuestra pena
y evitarnos el duro llanto.
Tú sabes ser justa e imparcial
y ofrecernos tu amor familiar.

Y ahora que el año se acaba,
otros senderos iremos a explorar;
flota un aire de tristeza sin par,
pero en tu ojos no se ve nada,
pues tú sólo sabes mostrar
tu sonrisa simple y maternal.









Maîtresse

(A la maîtresse de mon fils)


Nos parents nous avaient appris,
que la vie était pleine de coffrets,
mais ils n’avaient pas dit
que c’était toi qui avait les clefs,
pour ouvrir les chiffres et les mots
à nos coeurs de jeunes marmots.

Ma joie hésitait, tous les matins
entre apprendre ou te voir,
tu guidais nos mains d’espoir
par le chemin des paroles,
tu bougeais nos petits doigts
dans le royaume des hyperboles.

Tu savais être sérieuse et sévère ;
parfois tu avais du mal
à nous reprendre, à nous gronder,
tu avais si peur de nous faire peiner...
Tu sais être juste et impartiale,
nous sommes un peu tes enfants.

Et voilà, c’est la fin de l’année,
d’autres chemins nous allons explorer;
tout le monde a son petit air triste,
mais chez toi ça ne se voit jamais
et encore une fois tu nous offres
ton beau sourire maternel.






Libertad

 


Esta mujer es antigua,
como el metal de las montañas.
Piel morena en los cafetales,
mestiza de tierra y de mares.

Mujer de vientre profundo,
como todos los años del mundo,
como noches de amor fecundo
y tierras sin amo y sin fundo.

Esta mujer es sideral,
lleva una estrella polar
y una luna de luz natural
en su cabellera espacial.

Esta mujer es la vida forjada
con el barro de los continentes
y vierte su mirada esperanzada
en la sangre y en los torrentes.






Liberté

 


Cette femme est ancienne
comme le métal des montagnes,
peau brune dans les caféiers,
elle est métisse, de terre et de mer.

Cette femme est profonde
comme tous les âges du monde,
comme une nuit d’amours fécondes,
comme un orage qui gronde.

Cette femme est fière et stellaire
avec des comètes magiques
qui embrassent l’étoile polaire
sur sa chevelure cosmique.

Cette femme est la vie forgée
dans la boue des continents
et son âme verse le passé
dans le sang et les torrents.


Un padre nuestro

 


Tío Sam que estás en el Norte,
ensangrentado sea tu nombre.
Ya no queremos tu reino
y no se hará más tu voluntad
ni en la tierra, ni en el cielo.

Tomaremos desde hoy
nuestro pan de cada día,
pues ya no queremos tus migas
no perdonaremos tus ofensas
ni las de otros falsos amigos.

Y caeremos en la gran tentación
de hacerte pagar tus pecados
para librarnos de tu mal...

...Amén






Une prière

 



Oncle Sam qui habites au Nord
ensanglanté soit ton prénom,
nous ne voulons plus de ton royaume,
encore moins de ta volonté,
ni sur la terre ni dans les cieux.

Nous prendrons dès aujourd'hui,
notre pain de chaque jour,
car nous ne voulons plus
de tes miettes dures et rancies.

Nous ne pardonnerons plus tes offenses,
non plus celles de tes alliés
et nous succomberons à la tentation
de te faire payer tes crimes et péchés
pour nous libérer de tout ton mal...

...Amen







Fecundación

 


Relámpago perdido en la tormenta,
fuego sagrado naciendo con la vida,
pequeña gota de rocío, de lluvia fina
sobre semillas de tierra olvidada.

Rayo vivo de un sol peregrino
sobre el prisma oscuro de los abismos,
ruleta de cifras ancestrales
donde se apuestan esperanzas.

Trinchera del último sentido,
tibio misterio femenino,
vida esperando al final del recorrido,
amalgama de un nuevo destino.

Luna solitaria y coqueta
perforada de cometas,
átomo quebrado en mil pedazos,
reacción en cadena de regazos.


Fécondation

 


Éclair égaré il y a un million d’années,
sur les branches d’un arbre, père du feu sacré.
Petite goutte de pluie, de fine rosée
sur la maigre semence d’un sol oublié.

Rayon vital d’un soleil échoué
sur le prisme obscur de la mer.
Roulette aux chiffres ancestraux
où les paris sont faits d’espoir.

Déchirure du voile de l’amour,
mystère obscur au féminin,
une vie au bout du parcours
est prête à créer son destin.

Lune solitaire et coquette
percée par une comète.
Atome éclaté par la force des nucléons,
réaction en chaîne de filles et de garçons.














Far niente

 


Sentarse y ver desfilar
ojos, vestidos y faldas.
En esta casa estival
las ventanas son miradas.

A veces al sol, a veces a la sombra
la vida despierta y relumbra,
todo es comienzo primordial
bajo esta estrella ancestral.

Far niente, respirar solamente,
que el tiempo pase calmadamente,
que las ideas vengan dulcemente
a dormir en mi hoja, tiernamente.

Cambiar diez veces de silla,
para buscar la inspiración,
como una vasija de arcilla,
forjada con transpiración.

Far niente, respirar humildemente
y que el corazón palpite, libremente.





Far niente

 


S’asseoir et voir défiler
des yeux, des jupes et des corsets...
Dans cette maison d’Été,
les fenêtres sont des regards.

Tantôt au soleil, tantôt à l’ombre,
la vie remue les vieux décombres,
tout devient jeune et primordial
sous l’ombre de l’arbre ancestral.

Far niente, respirer seulement,
que le temps passe calmement,
que les idées viennent doucement
se coucher sur la feuille, tendrement.

Changer dix fois de chaise,
pour chercher l’inspiration,
cette poignée de terre glaise
modelée de transpiration.

Far niente, soupirer humblement
et que le coeur palpite librement.




Una visión del jardín de Luxemburgo

 


Liberad los árboles del jardín,
por más que crezcan no van a lograr,
saltar por las rejas y escapar;
sus hojas lloran una pena sin fin.

Sólo las flores suspiran de gracia,
belleza, sabores y mil olores,
hasta que una mujer que pasa,
les roba el alma de sus colores.

Haced venir las olas del mar,
para esos barcos prisioneros,
sufren tanto estos veleros,
que giran sin poderlas encontrar.

En el sendero centenario,
guarda secretos el árbol,
como esas estatuas de mármol
que la tarde quema con sus rayos.

En una corteza adormecida,
un cuchillo dibujó un corazón,
primer amor, primera flor
que al jardín le dio la vida.





Vue du jardin du Luxembourg



Libérez les arbres du jardin,
ils poussent, sans réussir
à enjamber les grilles et à s’enfuir ;
leurs feuilles cachent leur chagrin.

Seules les fleurs semblent sourire
autour du grand bassin,
lorsqu’une femme passe
et leur vole leur beauté.

Faites venir les vagues de la mer
pour ces voiliers prisonniers,
dites aux enfants qu’ils souffrent
de tourner sans pouvoir les embrasser.

Ces allées si parcourues,
ne sont plus qu’un décor,
comme ces blanches statues,
dont les passants ignorent le sort.

L’écorce d’un vieux platane
s’habille de quelques coeurs,
ce sont les amours en fleur,
qui donnent au jardin son âme.



El estudioso

 

(Homenaje simple a J. Prévert)



Repite incansablemente,
se cansa de rememorar
nombres de reyes e intendentes,
teme no poderlos recordar.

La memoria cierra sus puertas,
la paciencia, se impacienta,
se esfuma el verbo y la ciencia,
todo se va de la conciencia.

Trata una décima vez,
pero todo se vuela, todo se fue,
la cabeza ligera se vuelve a vaciar,
no queda más que recomenzar.

Y cuando todo parece perdido,
un viento suave y atrevido
hojea el resumen tan fiel
y sus borradores de papel...

No había cerrado por olvido,
las ventanas y postigos
por donde llegan intrometidos,
sueños despiertos y dormidos.


Le studieux

(Hommage simple à J. Prévert)


Il révise désespérément,
il s’épuise à retenir
des lieux et des départements,
il craint de ne pas réussir.

La mémoire lui joue des tours,
la patience s’impatiente,
rien ne reste aux alentours,
vide total dans la conscience.

Il essaie de se concentrer encore une fois,
les leçons s’échappent, tout s’en va,
il n’arrive à rien garder ;
il faut encore recommencer.

Et lorsque l’effort semble perdu,
un courant d’air inattendu
vient caresser ses cahiers
et ses brouillons de papier ...

Il avait oublié de fermer
la fenêtre et les volets
par où se faufilent ses rêves
dans un temps privé de trêve.



Si crees en Dios

 


En ese momento en que creas
que Dios existe de veras,
aprovecha para retarlo
por lo injusto de tu fardo.

Siéntate frente a él y míralo fijo,
pídele que cuide bien a tu hijo
y que responda por esos pequeños
que van muriendo de frío sureño.

Aprovecha el infinito segundo
cuando la fé te alumbre el corazón,
para que te explique este mundo
lleno de injusticia y de traición.

Dile que nunca más vas a creer,
para obligarlo a dialogar
y que el amor, su inmenso poder,
nada puede contra la muerte ni el mar.




Si tu crois en Dieu



Dans la seconde où tu vas accepter
que Dieu existe en réalité,
profite pour lui réclamer
la justice qu’on a bafouée.

Dis-lui que tu ne vas plus y croire,
dis-lui que l’amour, son pouvoir,
ne peut rien contre la mort
ni les caprices de la mer,
pour l’obliger à descendre sur terre.

Profite de cet infime moment
lorsque la foi allume ton regard,
pour qu’il t’explique ce monde
rempli de haine immonde.

Assieds- toi en face et fixe son regard
demande-lui de veiller sur tes enfants
et qu’il réponde pour tous ces gamins
qui meurent de faim et de froid.





La pareja de ancianos

 


En la vereda del frente
se pasean mano con mano,
con los ojos humedecidos
por un recuerdo lejano.

Caminan de un paso inseguro
lentamente, más sin error,
siguiendo el camino oscuro
del bar que mantiene el amor.

Silencio pesado de melancolía
la vida, quimeras olvidadas
y aquel sol de medio día
entibia sus almas desoladas

Hasta que cruzan la avenida,
él levanta su sombrero,
ella bosqueja una sonrisa,
yo los saludo como puedo.

Buenos días señor, buenos días señora
y luego de un segundo de una hora,
se va la pareja de ancianos
a pasear sus perritos casi humanos.





Le couple d’anciens

 


Sur le trottoir d’en face,
ils se promènent, main dans la main,
leurs yeux sont humides
d’un souvenir lointain.

Ils marchent d’un pas fatigué,
lentement et sans se tromper,
suivant toujours la même allée,
vers le bistrot où il se sont aimés.

Leur silence est lourd de mélancolie
la vie semble loin, oubliée
et le soleil timide est une accalmie
pour leur solitude d’hiver.

Puis ils traversent l’avenue,
il ôte le chapeau de sa tête nue,
elle esquisse un sourire,
je les salue, presque timide.

B’jour monsieur, b’jour madame,
après plus rien dans l’âme,
il s’en va le couple d’anciens,
promener leur chien presque humain.






La dirección

 


A una niña dulce y hermosa
de mirada de hielo cortante,
le pregunté siempre galante,
como llegar a su alma de rosa.

“ Doble a la derecha un par de veces,
luego continúe por el frente
y llegando a mi sonrisa
doble hacia la izquierda.

Pase cerca de mis caderas
y sin parar, vaya hasta el final,
allí siga por mis venas
hasta un prado con primaveras.

Gire dos veces por la plazuela,
luego tome la callejuela,
ahí encontrará un letrero
que lo guiará hasta mi pecho”…

El policía de la esquina
no me fue de ayuda alguna,
así es que partí a perderme
en los otros ojos de otra hada.



L’adresse



A une belle fille en fleur
au regard de fruit glacé,
je lui ai enfin demandé,
le chemin vers son coeur.

“Tournez à droite deux fois,
puis continuez tout droit,
en arrivant à mon sourire
allez tout au fond à gauche.

Vous frôlerez mes reins,
ne vous arrêtez pas là,
continuez vers le rond point
où se trouve un pré de lilas.

Tournez deux fois autour des fleurs,
puis revenez sur vos pas,
là où se trouve un panneau blanc
qui vous guidera jusqu’à mon coeur… »

Un passant au bout de la rue
ne me fut d’aucun secours
et je suis parti pour m’égarer
dans les yeux d’une autre fée.




Infancia de papel

 


Dónde
partió
y cuando
se me esfumó
aquel recuerdo.
Cómo saber
si la luz
del sol
guarda la voz
de ese niño lejano
que un día llevó mi nombre
entre las plazas, las callejuelas
y en el último banco de la escuela.
La infancia puede medirse en barquitos de papel
y sólo
el mar
sabría
donde encallaron con nuestra carga de esperanza.
Yo no quisiera ser aquel capitán cobarde,
que un día creyó ser todo un hombre
y que en el fondo del océano,
dejó naufragar aquel frágil velero de su infancia.







Enfance de papier

 



est
parti,
quand
a disparu
ce souvenir?
Comment
savoir
si le
soleil
garde la voix
de cet enfant lointain,
qui un jour porta mon nom
dans les places, les toiles de ruelles
et dans le dernier banc d’une salle d’école.
L’enfance peut se mesurer en bateaux de papier,
car seul
la mer
sait
où sont-ils échoués avec leur cargaison d’espoir.
Mon coeur refuse d’être le lâche capitaine
qui un jour croira qu’il est un homme,
en laissant au fond de l’océan
les épaves fragiles du bateau de son enfance.






Café



Hijo mayor de Africa,
hidalgo de América,
atrás quedaron los cafetales vacíos
y aquí te espera el deseo mío.

Pequeño trago de verano tropical,
en el invierno de frío y temporal,
el velo de tu aroma de altas cumbres,
quema de celos la piel de los hombres.


¿ Qué magia negra te resucita
entre los engranages del molino?

¿ Qué lleva el alma de tu grano matutino
hacia el agua tibia que por ti se agita?


En la boca, la amargura de tu cuerpo
es una caricia de felpa y flor,
que despierta a la mujer de pelo suelto
y es reposo después del amor.

De las raíces al grano triturado,
del polvo al fondo del pocillo,
la torrefacción libera el sabor encarcelado
y la magia secreta que dibuja un duendecillo.











Café


Fils aîné de l’Afrique,
petit dernier de l’Amérique,
derrière sont restés les caféiers
devant t’attend mon désir.

Petite gorgée, goutte d’Eté,
dans les bistrots couverts d’Hiver,
le voile de ton arôme des hauts sommets
brûle de jalousie la peau des hommes.


Quelle magie noire te fait ressusciter
sous les engrenages du moulin?

Quel mystère libère l’âme de ton grain
dans l’eau bouillante de t’embrasser?


L’amertume de ton corps
distille sa caresse de velours
sur cette femme qui dort
et devient repos après l’amour.

De tes racines au grain corsé,
de ta poudre au marc sorcier,
la torréfaction laisse s’échapper
toutes les croyances du passé.


Au fond l’espoir, toujours l’espoir /

Al fondo la esperanza, siempre la esperanza

 

Editions la Porte / Mai 2002


Dictadura


Vi la esperanza
vaciarse de su sangre,
vi tantas madres
enfrentando el mal,
vi niños y viejos
llorando de soledades.

Cuántos cuerpos he visto,
mezclados y mutilados,
en los rincones de la calle,
o resbalando de los camiones
de hombres verdes y armados.

Bajo el poncho de abuelos crecí
en el centro del horror
y mi espíritu soñador
vivió escondido del fusil.

Vi la muerte enmascarada,
aliada condecorada
por siniestros generales.

En otra partes también la vieron,
pero no sobrevivieron…

Los asesinos, ¿ son normales ?



Dictature

 

J’ai vu l’espoir
se vider de son sang,
j’ai vu tant de mères
faire face au mal,
j’ai vu des enfants
pleurant leur solitude.

Combien de corps ai-je vu,
mélangés et mutilés,
dans chaque coin de la rue
ou débordant des camions
du nouveau pouvoir armé,

Sous le manteau, j’ai grandi
au centre de l’horreur
et mon esprit rêveur
dut se cacher de leurs fusils.

J’ai vu la mort encagoulée,
se faire valoir, toute décorée
par de sinistres généraux.

Ailleurs, d’autres aussi ont vu,
mais ils n’ont pas survécu.

Les assassins sont-ils normaux ?




Quisiera testimoniar

 

Yo quisiera testimoniar
contra el tirano militar,
pero no me sacaron de la cama,
ni quebraron mis sueños, de madrugada,
como lo hicieron con mi hermana.

No me torturaron,
no me golpearon, maniatado,
como lo hicieron con mi hermano.


Yo quisiera poder testimoniar,
contra el vitalicio dictador,
pero no me expulsaron,
como a mis tías, lejos del hogar,
lejos de la tierra, con dolor.

Tampoco me masacraron,
como la esperanza y la carne de mi tío,
con más de veinte balas, sangró el río.


Quisiera presentarme a testimoniar,
contra el traidor, el criminal,
pero no me humillaron,
como lo hicieron con mis abuelos,
viejos valientes, sufriendo duelos.

Por los que están y no callaron,
yo quiero testimoniar
y usar mi derecho secular,
para exigir justicia y condenas
por un futuro sin cadenas.




Je voudrais témoigner

 


Je voudrais témoigner,
contre le Tyran sans cœur,
mais ils ne m’ont pas arraché
ni du lit, ni de mes rêves,
comme ils l’ont fait à ma sœur.

Je n’ai pas été torturé,
ils ne m’ont pas frappé, avec haine,
comme ils l’ont fait sur mon frère.


Je voudrais pouvoir témoigner
contre l’ancien dictateur,
mais ils ne m’ont pas expulsé,
telles mes tantes et des milliers,
loin de la terre, voyage de douleur.

Ils ne m’ont pas massacré,
tel mon oncle et son espoir,
vingt balles assassines, un soir.


Je voudrais témoigner
contre le traître taché de sang,
mais ils ne m’ont pas humilié,
tels mes grands parents,
vieux courageux, malgré leur deuil.

Je voudrais tant témoigner,
pour tout ce qu’a vu mon œil
et prendre mon droit séculaire,
pour exiger justice et châtiment
pour mon peuple et ses enfants.



Progreso

 


Un niño de un barrio de cartón,
en las afueras de la ciudad,
me preguntó con el corazón,
si el progreso era una verdad.

Y esa maldita respuesta
se puso a darme vergüenza.

Cómo decirle que los de siempre
cosechan cuanto se siembre.
Cómo decirle que por el progreso
se fabrican juguetes de carne y hueso.

Cómo hablarle de átomos y de sol tropical,
mientra se hiela en su basural.
Y eso de los trenes y de viajes espaciales,
mientra camina descalzo por los barriales.

Un niño olvidado quería saber
si el también podría gozar
de ese progreso que hace soñar ...
Y yo no supe qué responder.


Progrès

 


Un enfant des bidonvilles
aux frontières de la ville,
voulut savoir ce que c’était
ce mirage nommé progrès.

Je n’ai pas pu lui répondre
tellement loin, il était de ce monde.

Comment lui parler des bienfaits
qui profitent toujours aux mêmes,
comment lui dire qu’avec le progrès
on fabrique des jouets pour tuer.

Comment lui parler du chauffage
alors qu’il gèle dans sa baraque
et des trains, des voyages vers la lune,
alors qu’il marche sans chaussures.

Un enfant du tiers monde
voulut savoir si un jour
il profiterait du progrès futur …
Je n’ai pas su quoi lui répondre.





La alegría de las mamás



El desayuno
reflejándose en tus ojitos
aún endormecidos.
El camino cotidiano
hacia las aulas del saber
y tu mirada sonriente
en ese adiós temprano.

El reencuentro
después de una larga tarde …
La interminable jornada
que retoma toda su fuerza
para la hora de las tareas,
aquella de las duchas,
la de la cena calurosa,
la de la última caricia …

La alegría de las mamás
es poder ver a sus niños
dormirse como tú,
en paz y confiados
bajo el manto de la noche
y levantarlos descansados
a cada nueva alborada …

Ojalá que el pan y el trigo
nunca falten sobre la mesa,
para que la pena de las madres
no venga a cargar el bolsón
ya tan pesado de sus hijos.



Le bonheur des mamans

 

Le petit-déjeuner
se reflétant dans tes yeux
encore endormis.
Le parcours quotidien
vers les salles de l’éveil
et ton regard souriant
avant de t’éloigner.

Les retrouvailles
après un long après midi …
L’interminable journée,
qui reprend ses forces,
pour l’heure des devoirs,
celle des douches,
du dîner si chaleureux
et du dernier câlin …

Le bonheur des mamans
c’est voir l’enfant
s’endormir comme toi,
apaisé et confiant,
sous l’ombre de la nuit
et le retrouver souriant
au début de la journée …

Pourvu que le pain
ne manque jamais sur la table,
pour que le chagrin des mamans
ne charge pas le cartable
déjà lourd de leurs enfants.



Final de adolescencia

(A Natalia, Camila y Amanda.)


Dejen tranquilos a esos niños,
que juegan con el último balón,
pantalon largo, correa con brillo,
son casi hombres, perdón.

No les hablen de estudiar,
que a veces quieren errar,
déjenlos imaginar y soñar,
buscan algo, lo van a encontrar.

Primera aventura, bajo un balcón,
esperanza de un primer beso,
penas de amor, no están ilesos,
es duro el camino, que abre el corazón.

Dejen a esas niñas sonrojadas,
de diecisiete estaciones frescas,
que están demasiado ocupadas,
en olvidar sus viejas muñecas.

Hombres y mujeres de pronto,
sean pacientes, no corran tanto,
que el tiempo que se nos va,
no volverá nunca jamás.


Les derniers jours de l’adolescence

( à Natalia, Camila et Amanda)


Laissez tranquilles ces garçons,
c’est leur dernière partie de ballon,
belle ceinture à leur pantalon,
c’est presque des hommes, pardon.

Ne leur parlez pas de réviser,
ils vous claqueront la porte au nez,
donnez-leur un peu de liberté,
ils cherchent, ils veulent communiquer.

Première aventure sous le balcon,
espoir d’un premier baiser,
chagrin d’amour, désillusion
ce n’est pas encore gagné.

Et surtout, ne dérangez point,
toutes ces filles de dix-sept ans,
elles sont bien trop occupées
à oublier leurs vieilles poupées.

Hommes et femmes du lendemain,
soyez patients, ne courez pas,
car le temps qui s’en est allé,
ne reviendra plus jamais.



La mano


(Alejandrinos)


La mano prisionera que aprieta tiernamente
los dedos tan frágiles que coronan la tuya.

La mano hambrienta que resbala suavemente
entre tu cabellera y el final de tu espalda.

La mano picarona que se pierde alegremente
entre el vestido y el terciopelo de tu piel.

La mano que se abandona ciegamente
en el fondo de tu selva y en la cima de tus montes.

La mano que separa la boca febrilmente,
de los brotes rosados que se agitan en tu pecho.

La mano pegada a tus riñones fuertemente,
para no naufragar en tus sábanas blancas...

La pasión de tu cuerpo entre mis dedos,
cabe en las simples manos de mi deseo.




La main

(alexandrins)


La main prisonnière qui serre chaudement,
les doigts si fragiles qui couronnent tes paumes.

La main gourmande qui se glisse doucement
entre ta chevelure et le bas de ton dos.

La main coquine qui va se perdre gaîment,
entre le jupon et le velours de ta peau.

La main qui va s’abandonner aveuglément
au fond de ta jungle, au sommet de tes monts.

La main qui écarte la bouche fébrilement,
des bourgeons roses, s’agitant sur ta poitrine.

La main soudée à tes reins en plein mouvement,
pour ne pas naufrager dans la mer de tes draps.

Toute envie de t’aimer, tout l’immense désir
tient dans la simple main qui veut te conquérir.



El vino y la poesía

 



Si pudiera pagar solamente con poemas
todas las compras del mercado y de la feria,
sin duda que a menudo no tendría bastante
y que algunas veces me darían hasta el vuelto.

Me faltarían versos para comprar tu risa
y me sobrarían rimas para comprar el pan.
Compraría tinta de leche para mi pluma
y llenaría de estrofas todos mis bolsillos
para cambiarlas por esos hermosos juguetes
que llenan de envidia a los padres,
aún más que a los chiquillos.

Si yo pudiera medir todos los sentimientos
como se mide la calidad de un viejo vino,
entonces me embriagaría de tanto probarte,
estaría sediento de tus ojos de viña,
pero sobrio para ir a perderme contigo
en la vendimia nocturna de tu dulce cuerpo.

Te ofrecería un collar brillante de uva nueva,
perlas blancas, negras y rosadas tan jugosas;
tendrías un vestido de carmesí antiguo
que sería ligero en mis manos artezanas,
para desvestirte sin apuro ni insolencia,
lentamente, como se aprecia todo buen vino.

Levanto mi copa llena de vida y versos
para brindar por el alma roja de los vinos,
savia poderoza y sabrosa en el paladar,
como esos labios que me están invitando a besar.




La poésie et le vin.

 


Si je pouvais payer avec de simples poèmes
la plupart des courses dans le marché du matin,
sans doute que souvent, je n’aurais pas assez
et que certains jours on me rendrait la monnaie.

Je manquerais de vers pour acheter ton rire,
j’aurais des rimes en trop, pour payer mon pain.
J’achèterais de l’encre de lait pour ma plume
et je remplirais de strophes toutes mes poches,
pour les échanger contre tous ces beaux jouets
qui font rêver les parents plus que les enfants.

Si je pouvais mesurer tous les sentiments
comme on mesure la qualité d’un vieux vin,
alors je serais tout ivre de te goûter,
assoiffé de ton regard de feuille de vigne.
Mais sobre pour aller me perdre avec toi,
dans les vendanges nocturnes de ton doux corps.

Je t’offrirais un collier de jeune raisin,
perles blanches, noires et roses juteuses.
Tu aurais une robe de couleur pourpre ancien,
qui se ferait toute légère entre mes mains,
pour enfin te dévêtir, sans me dépêcher,
lentement, comme pour apprécier le bon vin.

Je lève ma coupe pleine de vie et de vers,
pour porter un toast à l’âme rouge du vin,
sève puissante et savoureuse au palais,
comme ta bouche qui m’invite à l’embrasser.



Yo soy el viento

 


Soy el viento,
ese que acaricia,
que besa
tus sueños de primavera.

Mis manos de viento sur
violan, atraviesan
la seda de tus poros
y hacen volar tus corpiños.
Mis pensamientos de huracán
te acuestan desnuda
sobre la yerba del trigal.

Soy el viento
que se desliza en tu cabellera
para verla bailar en libertad.
Te traigo el polvo del campo
para arrancarte una lágrima,
rocío puro para mi alma.

Mi boca de viento norte
muerde tu piel de damasco
y se roba la humedad,
al borde de tus labios,
para besar la boca mía.




Je suis le vent

 


Je suis le vent,
celui qui caresse,
celui qui embrasse,
tes songes de printemps.

Mes mains de vent du sud
 violent, percent
la soie de tes pores
et font voler tes rubans.
Mes pensées d’ouragan
te couchent toute nue
sur l’herbe en folie.

Je suis le vent,
celui qui se glisse entre tes cheveux,
pour les voir danser en liberté,
celui qui apporte une poussière
pour t’arracher une larme,
rosée pure pour mon âme.

Ma bouche de vent du nord
mordille ta peau de pêche
et vole l’humidité
à la lisière de tes lèvres,
pour qu’elle vienne
embrasser les miennes.



Poema noctámbulo

 


Incansablemente
vas cruzando las calles,
por donde me llevan los pasos.

Desciendes de todos los buses,
sales de los metros y las tiendas
y con tu sombra me tropiezo.

Inexorablemente,
vas invadiendo mi piel
y el horizonte de mi mirada.

Te siento en la boca,
te modelo en las manos,
respiro en tu aire ...

¡ Hay ! Si solamente
pudiera dormirme,
para dejar de soñarte.


Poème noctambule

 


Infatigablement
tu traverses les rues,
par où mènent mes pas.

Tu descends de tous les autobus,
tu montes dans tous les métros
et je trébuche sur ton ombre.

Inexorablement,
tu envahis ma peau
et l’horizon de mon regard.

Je te sens dans ma bouche,
je te modèle de mes mains,
je respire dans ton air ...

Ah !, Si seulement
je pouvais m’endormir
pour arrêter de te rêver.




No todo está  perdido

(oda simple al pan)



Hemos tal vez perdido
algunos días sin interés,
perdimos el bus y el colectivo
y el reloj no sonó a las seis.

Se nos voló otra vez
la ocasión de agradecer
y hemos dejado pasar
el minuto para perdonar.

En el camino quedaron
tantas migajas y recuerdos,
tantos crepúsculos anaranjados
y la harina en los peldaños.

Herencia de un tiempo ancestral
mojado de sudor matinal.
Rostro y dulzura de las hadas,
tu dureza ahogándose en mermeladas.

Por tí hemos librado guerras
para recuperar los campos de trigo
e hicimos filas interminables
cuando el alba dormía en las callles.

La luna viene a buscarnos
ofreciendo sus ancas para galopar,
tenemos el cielo para guíarnos
y el pan perdido, budín de pan.



Tout n’est pas perdu

(ode simple au pain)


Nous avons perdu
quelques jours sans intérêt,
nous avons raté l’autobus,
le réveil n’a pas sonné.

C’est envolée encore une fois,
l’occasion de dire merci
et nous avons laissé passer
la minute pour pardonner.

Dans le chemin sont restés
tant de miettes et de souvenirs,
tant de crépuscules orangés,
et la farine sur les pavés.

Héritage d’un temps ancestral
trempé de sueur matinale.
Visage et douceur de fée,
ta dureté se noyant dans du lait…

Pour toi nous livrâmes
des guerres pour les champs de blé
et nous fîmes des files interminables,
lorsque l’aube dormait dans les rues.

La lune vient nous chercher
en nous offrant sa croupe pour galoper,
nous avons le ciel pour nous guider
et le pain de tous les jours, le pain perdu.


Teorema de la mujer prohibida

 


El deseo es ecuación de primer grado,
de segundo grado, el amor y sus raíces.
El número Pi cubierto de oro
en su mano izquierda ofrecida,
prohibe cualquiera resolución
de esta complicada ecuación.
Salvo si los miembros admiten
una solución universal,
si y solamente sí,
nuestra vida es un número irracional.

Su sombra cargada de aromas
se pasea como una función
donde las horas son puntos de inflexión,
que la hacen cambiar de dirección.
¿ Cuál polinomio perfecto
le da vida a sus manos?
¿ Qué fórmula esconden las curvas
que despiertan sus pechos primaverales?

Las palabras se hacen hipérbolas
para alcanzar sus tibios labios,
el corazón se pone a palpitar
con un ritmo exponencial,
cuando brilla en mi mirada,
su luz de ternura integral.

Amarla es un problema escalar,
una secreta física nuclear.




Théorème de la femme interdite

 


Le désir est une équation du premier degré,
du deuxième degré l’amour et ses racines.
Le nombre Pi couvert d’or
dans sa main gauche offerte,
rend interdite la résolution
de cette équation compliquée.
Sauf si ses membres admettent
une solution universelle,
si, et seulement si,
notre vie est un nombre imaginaire.

Son ombre chargée d’arômes
se ballade comme une fonction,
où les heures sont des points d’inflexion
qui la font changer de direction.
Dans quel polynôme parfait
puise la douceur de ses mains ?
Quelle formule cachent les gaussiennes
qui réveillent sa poitrine printanière ?

Les mots font des hyperboles
pour atteindre ses lèvres tièdes,
le cœur se met à palpiter
avec un rythme exponentiel,
lorsque brille dans mon regard
sa lumière de tendresse intégrale...

L’aimer est un problème scalaire,
c’est de la physique nucléaire.


Tu silencio ...

 


Va llenando el espacio,
de olores que no encuentran
descripción con las palabras.

Pero qué quieres que haga
si con sólo escuchar tus pasos,
puedo olfatear la mañana.

Nada es inútil, nada,
tu silencio no se equivoca,
llega siempre al buen momento,
como un beso de tu boca.

Tu silencio es aroma,
es el poder de imaginar,
las palabras que yo quisiera
poderte un día inventar.

Llena el aire que nos rodea,
lo viste de burbujas y estrellas.
Yo pruebo el fruto del silencio,
en tus labios de dulces rosas.




Ton silence ...

 


Remplit l’espace
d’odeurs que l’on ne peut pas
décrire avec les paroles.

Que veux-tu que je fasse,
si en entendant tes pas
je peux respirer l’aube.

Rien n’est inutile, rien,
ton silence ne se trompe jamais,
il arrive toujours à point
comme un mot toujours rêvé.

Ton silence c’est l’arôme,
c’est le pouvoir d’imaginer
tous ces mots, qu’en somme,
on voudrait réinventer.

Il remplit l’air qui nous entoure,
l’habille de bulles mystérieuses,
ton silence que je savoure,
dans tes lèvres sucrées de roses.



Niño

 


Libertad inocente y peligrosa,
buscando la sombra de un muro
para apoyar el saco con las dudas,
para esconder la simple rosa.

Dientes de leche, chocolate y pan duro,
soñando bajo estrellas silenciosas,
en esas noches llenas de voces,
de tormenta furiosa y de temores.

Viajero en un país de reyes,
de hadas, de duendes y de aventuras,
pasajero del vuelo nocturno del ensueño,
la boca abierta, los ojitos asombrados.

Lluvia de preguntas sin respuesta,
enigmas precoces que embrujan tu suerte
y tu mirada queriendo entender el mundo…
Por favor, no me preguntes sobre la muerte.




Enfant

 


Liberté innocente et dangereuse,
cherchant l’ombre d’un mur
pour appuyer le sac de doutes,
pour cacher une simple rose.

Dents de lait, chocolats et pain dur,
rêvant sous les étoiles silencieuses,
dans ces nuits pleines de voix,
de tempêtes enragées et de peur.

Voyageur dans un pays de rois,
de fées, d’aventures et de lutins,
passager du vol nocturne des rêves,
la bouche ouverte, les yeux écarquillés.

Pluie de questions sans réponse,
énigmes précoces qui hantent ton sort
et ton regard essayant de percer le monde…
S’il te plait, ne me demande rien sur la mort.



Parque floral

 



Al final del sendero
invadido de dulces fragancias
de jeringuilla y de jazmín,
en algún lugar del parque,
lejos de la algarabía de los niños…

Dos bancos frente a frente,
uno al sol, otro a la sombra,
uno cobija amantes,
el otro adormece ancianos.
En uno se inventa el futuro,
en el otro se teje el pasado.

Los ojos se cruzan
buscando las respuestas,
de la misteriosa longevidad,
o evocando recuerdos
del tiempo suspendido
 a los besos de juventud.

Entonces se vacían los bancos,
cuando la tarde de naranja
se vuelve crepúsculo violeta.
Solo quedan algunas migas
que los gorriones no comieron
y el aroma del suelo florido
de un tierno romance,
perdido entre los perfumes
de todas las flores del parque.



Parc floral

 



Au bout d’une allée
envahie des douces fragrances
de seringa et de jasmin,
quelque part au cœur du parc,
loin des cris et du rire des enfants…

Deux bancs face à face,
l’un à l’ombre, l’autre au soleil,
l’un abrite les amants,
l’autre endort les anciens.
Dans l’un s’invente un futur,
dans l’autre se tisse le passé.

Des yeux qui se croisent
cherchant des réponses,
à la quête de longévité
ou évoquant des souvenirs,
du temps suspendu
aux baisers de la jeunesse.

Alors les bancs se vident,
quand l’après-midi d’orange
devient un mauve crépuscule.
Il ne reste que les miettes
que les moineaux n’ont pas mangé
et l’arôme de terre fleurie
d’une tendre amourette
perdue parmi les parfums
de toutes les fleurs du parc.




En la noche

 


¿ Con qué escribir este poema,
con alas o cuchillos ?
¿ Con espinas o madrugadas
que van tiñendo las eras ?


La noche no descansa,
se alimenta
de tantas almas en pena
y pasa entre sus brazos
mi sangre hecha pedazos…

Alguien llora en la lejanía,
¿ Serán tus sueños
o los restos del alma mía ?


Dans la nuit

 


Comment écrire ce poème,
avec de couteaux ou avec des ailes ?
Avec des épines ou avec des aubes,
qui embrassent la terre de leurs couleurs ?

La nuit ne se repose pas,
elle se nourrit
de toutes les âmes en peine
 et passe entre ses bras,
mon sang en mille morceaux.

Quelqu’un pleure au loin.
Est-ce tes rêves
ou mon âme en lambeaux ?



Pirata

 


Recaló mi barco
en tu balcón,
sonó el grito de abordaje
y todas mis venas de asalto
colgaron a tu ventana …

Pero tú ya no estabas,
entonces saqueamos,
yo y mis ansias locas,
todos los rincones de tu cama.

Después levamos anclas
y nos fuimos a tu encuentro.
En mi isla quedó enterrado
el tesoro de tu mirada …

Partí, bárbaro y barbón
a cargar de esperanza
las bodegas de mi velero,
para volver a conquistar
la fortaleza de tu balcón.


Pirate



Sur ton balcon,
mon bateau vint accoster,
le cri d’abordage retentit
et toutes mes veines d’assaut
pendirent sur ta fenêtre …

Mais tu n’étais pas là,
alors moi et mes folles envies
nous avons fouillé et pillé
tous les coins de ton lit.

Après nous levâmes l’ancre
pour partir à ta rencontre.
Dans mon île resta enterré
le trésor de ton regard …

Je suis reparti, barbare et barbu,
recharger d’espoir
les cales de mon voilier,
pour redonner l’assaut
à la forteresse de ton balcon.

 

 








L’étrange folie des mots /

La extraña locura de las palabras



Editions La Porte / Novembre 2003



Caballo verde

 


Caballo alado de la poesía,
tropilla de potros
mis versos,
siguen tu rumbo
en la sombra de los vientos.

Rozando apenas el suelo,
los cascos del herrador
toman impulso
y alzan tu vuelo,
en un crujido de huesos
del pasado y otros tiempos.

Caballo alado de la poesía,
son tuyas las alas de plata.
Pero mías son las riendas.

Me enamoraré de una potranca
que contigo se irá a volar ;
yo elegiré su ramo de flores
y es tu aroma el que sentirá.

Caballo alado de la poesía,
caballo verde de los poetas,
sudando entre cometas
sangre de amores y rebeldías.



Cheval vert…

 


Cheval ailé de la poésie,
troupeau de poulains,
mes vers,
suivent ton chemin
dans l’ombre des vents.

Frôlant à peine le sol
les sabots du maréchal
prennent de l’élan
pour ton envol,
dans un craquement d’ossements
du passé et d’autres temps.

Cheval ailé de la poésie
elles sont à toi les ailes d’argent.
Mais les brides sont à moi.

Je séduirai une jument
mais avec toi elle s’envolera ;
je choisirai son bouquet de fleurs
et c’est ton arôme qu’elle sentira.

Cheval ailé de la poésie,
cheval vert des poètes,
suant entre les comètes,
sang d’amours et de révoltes.




La vida continuará

 

Habrá
inevitablemente
un último beso,
un último apretón de mano.
La carne se volverá suspiro.

Somos pasajeros
y aunque mi sonrisa
se volviera lágrima en tus ojos,
la vida continuará.

Habrá
inexorablemente
una primera Navidad,
un primer cumpleaños
donde ya no estaré más.

Los años continuarán
y cuando alguien
pronuncie mi nombre,
mi alma regresará …

La vida continuará.


La vie continuera

 


Il y aura
inévitablement
un dernier baiser,
une dernière poignée de main …
La chair deviendra soupir.

Nous sommes des passants.
Même si mon sourire
devenait larme dans tes yeux,
la vie continuerait.

Il y aura
inexorablement
un premier Noël,
un premier anniversaire,
où je ne serai pas là.

Les années s’écouleront
et lorsque quelqu’un
prononcera mon nom,
mon âme reviendra …

La vie continuera.





Piel

 


Manto puro y misterioso,
de colores mates y caprichosos,
arco iris que los tejidos,
nunca podrán imitar.

Extraña pradera deseada,
juventud de húmeda selva,
vejez de tierra desecada,
con las grietas de los años.

Dulce mar
donde se pasean los besos,
donde navegan las caricias,
manos ciegas del deseo.

Mojada de mil esfuerzos,
del agua salada de la pena.
Piel,
llamas quemando el alba,
corteza terrestre del alma.




Peau

 


Manteau pur et mystérieux
de couleurs mates et capricieuses,
arc-en-ciel que les tissus
ne pourront pas imiter.

Étrange prairie convoitée,
jeunesse de jungle humide,
vieillesse de terre desséchée
avec les fissures des années.

Douce mer
où se promènent les baisers,
où naviguent les caresses,
mains aveugles du plaisir.

Mouillée de mille efforts,
de l’eau salée du chagrin.
Peau,
aube chargée de flammes,
croûte terrestre de l’âme.


Soneto de invierno

 


Al otro lado de la ventana,
el invierno reina esta tarde
y nadie se irá a sentar
en el banco abandonado.

El verano detrás de las rejas,
como un hombre sin sueños
que se muere en silencio...
Frío y viento sus verdugos.

Bajo este mundo de frialdad,
no hay un alma fraternal,
la pena endormece hasta el final.

El invierno no tiene perfumes,
la miseria, al menos ella,
huele, huele mal.



Sonnet d’Hiver

 


De l’autre côté des carreaux
l’Hiver règne ce soir
et personne n’ira s’asseoir
sur le banc tombé en morceaux.

L’Été est derrière les barreaux,
comme un homme sans espoir
qui se meurt dans un dortoir...
Le froid et le vent sont ses bourreaux.

Sous ce monde de froideur,
pas même une âme fraternelle.
La peine endort à jamais.

L’Hiver n’a pas d’odeur,
mais la misère, elle,
elle sent mauvais.













Estrellas

 


Sirius y la estrella Polar
desde sus abismos estelares
llevaron al osado navegante
a conquistar los mares
y descubrir los continentes.

Alfa del Centauro, la gigante,
es una estrella para poetas,
con su brillo parecido
a ese que emerge de los ojos
de la mujer de nuestros versos.

La estrella de los poderosos,
irradia de plata y de oro,
pero sus aristas llevan sangre
de incontables inocentes
y de los que pronto nacerán.

La estrella de los pobres
con su luz de verde esperanza,
también brilla, incandescente,
en las selvas y cordilleras,
sobre las boinas guerilleras.



Étoiles

 


Sirius et l’étoile Polaire,
depuis leur abîme stellaire,
menèrent les navigants hardis
à conquérir les mers
et découvrir les continents.

Alpha du Centaure, la géante,
est une étoile pour les poètes,
avec sa brillance semblable
à celle qui émerge des yeux
de la femme de chaque vers.

L’étoile des puissants,
rayonne d’argent et d’or,
mais ses pointes portent le sang
d’innombrables innocents
et de ceux qui vont naître.

L’étoile des pauvres,
avec sa lumière d’un vert d’espoir,
brille aussi, incandescente,
dans les forêts et les montagnes,
sur les bérets des hommes rebelles.



Hijo

 

(A Manuel)


Del tiempo oscuro, tras tus pasos,
buscaremos juntos los pedazos …

Nuestras sonrisas ya se parecen
porque es la misma alegría
la que las hizo renacer,
como las tierras que florecen
sin que la mano del hombre
las haya sembrado o laborado.

Sé orgulloso de tus ojos y raíces
porque las diferencias compartidas
enriquecen el alma de la sociedad.
Y que poco importe el color de la sangre
porque el resto se construye
con actos, miradas y caricias.

Vivamos por ahora el presente
con su cielo puro de amanecer,
no hay nubes en el horizonte
para oscurecer el mañana…

La única herencia del pasado,
es el amor que hemos sembrado.



Fils

 

( À Manuel)


Du temps obscur derrière tes pas
nous chercherons ensemble les morceaux …

Nos sourires sont déjà les mêmes
parce que c’est la même joie
qui les a fait renaître,
comme les terres qui fleurissent
sans que la main de l’Homme
les aient semées ou labourées.

Soit fier de tes yeux et de tes racines,
parce que les différences partagées
enrichissent l’âme de la société…
Peu importe le teint du sang
parce que le reste se construira
avec les actes, la caresse et le regard.

Vivons pour l’instant le présent,
avec son ciel de petit matin.
Il n’y a pas de nuages à l’horizon,
pour obscurcir le lendemain…

Le seul héritage du passé
c’est l’amour que l’on a semé.



Mis Españas

 


España de viva carne y de cantos,
de moros y cristianos,
del Cid galopando en tus campos
liberando tus ríos y tus llanos.
La del coraje de tus navegantes
y la codicia de tus gobernantes,
la católica conquistadora,
la jesuita y la inquisidora.
Guitarras, panderos y acordeones
trajiste en tus carabelas,
pero sembraste por las naciones
esclavos y calaveras.

¡ Sangra el cóndor de los gigantes
y la pluma de Cervantes !

Tierra de viajes y de exploradores
que fueron creando tu siglo de oro,
tierra de corsarios y de explotadores
que llenaron tus cofres con mis tesoros.
España de Imperio de mil setecientos,
de guerras perdidas en mil ochocientos,
con tus versos enseñaste el castellano,
y con arcabuces lo impusiste al araucano.
España de diccionarios, de Academias,
de caudillos criollos en tus colonias.
España de Jota y Seguidilla,
la del Cante Jondo Gitano.

¡ Sangre te tiñe las manos
en los suelos de Castilla !


Mes Espagnes

 


Espagne de chair et de chants
de maures et de chrétiens,
ton Cid se battait pour les tiens
et libéra tes fleuves et tes champs.
Celle du courage de ses navigateurs,
de l’envie de ses gouverneurs,
Espagne catholique et conquérante,
des Jesuites et des inquisiteurs.
Guitares, tambourins et accordéons
tu ramenas dans tes galions,
mais plein d’esclaves et de squelettes
tu semas dans tes conquêtes.

Saigne le condor près de la lune
et chez Cervantes, saigne la plume !

Espagne de ces géniaux explorateurs
qui firent ton siècle d’or,
de corsaires et d’exploiteurs
qui remplirent tes coffres de trésors.
Espagne de l’empire de mil sept cent,
de guerres perdues en mil huit cent,
aujourd’hui je parle ton castillan,
celui que tu imposas à l'araucan.
Espagne de dictionnaires et d’Académies,
et de métis rebelles dans tes colonies.
Espagne de “Jota” et “Seguidilla”,
du chant profond des tziganes.

Tu as du sang sur tes mains,
dans les terres de Castille !


Verónicas va haciendo el pasado
para esquivar malos recuerdos,
de aquella guerra maldita
de más de un millón de muertos.
Me brotan Españas adoloridas,
claveles llenos de espinas
y esa arboleda perdida
que Alberti escribiera un día.
Federico te pide banderas,
luna y limones rumbo a Sevilla,
con ira y plomo llenas sus venas
y aplastas su tierna semilla.

Sangre a las cinco de la tarde
¡ Ay, qué crimen cobarde !

Hernández llora con tres heridas,
el fuego devora al joven Neruda,
y el tiempo queda inmobilizado
en una elegía de Machado.
España, tus poetas y tu canto
se fueron yendo al destierro,
cortaste de raíz sus vuelos,
los marcastes con lava y hierro.
Hoy llevamos el mismo duelo;
yo en el Mapocho, tú en el Duero,
vimos pasar nuestro pueblo
ahogado en su propio suelo.
España, tu pasado y tu esperanza,
vienen a vivir en mi mirada.

¡ Un ojo me llenas de espanto
y en el otro descargas tu llanto !


Le passé danse comme un toréador,
pour esquiver les mauvais souvenirs
d’une guerre qui te fit souffrir
avec plus d’un million de morts.
Je bourgeonne d’une Espagne endormie,
d’œillets décorant l’amour
et d’arbres pleins de poésie,
qu'Alberti écrivît un jour.
García Lorca voulut des citronniers,
des drapeaux de lune et de papier,
mais tu remplis de plomb ses veines
et tu coupas les ailes de ses poèmes.

Le sang, à cinq heures l’après-midi.
Ah, quel crime si lâche !

Hernandez saigna dans trois blessures,
Guérnica s’embrasa sous les bombes
et ton visage resta bien éclairé
dans un portrait par Machado inventé.
Espagne, tes poètes et tes chants
durent partir loin exilés.
Tu les privas de leurs biens
et les brûlas avec ton fer.

Aujourd’hui nous avons le même deuil,
moi au Mapocho, toi au Guadalquivir,
nous voyons passer les cercueils
des innocents qui durent périr.
Espagne, ton passé et ton espoir
viennent habiter dans mon regard.

L’un de mes yeux s’effraie de tes pleurs,
l’autre se mouille de tous tes malheurs !




El sueldo del genocida

 


Aunque mueras anciano,
te irás solo y sin coraje,
sin máscara en tu rostro
cerrarás tu pesada mirada
pesada, como ataúd.

Aunque la ley deba olvidar,
 los años de sangre y duelo,
para poderte, al fin juzgar,
los hijos del mundo sabrán
de tus crímenes en mi suelo.

En un país ajeno y muy lejano
partirás muerto de pena,
hacia una casa extranjera.
Como mis hermanos exiliados
privados de sepultura chilena.

Has perdido la última guerra,
ni inmune, ni impune, te irás.
El pueblo ya te ha condenado,
la memoria ha vencido.
Lejos de tu tierra,
donde estés, culpable morirás.



Le salaire du génocide

 


Même si tu meurs, ancien,
tu partiras seul et sans courage,
sans masque sur ton visage,
tu fermeras ton lourd regard.
Lourd, comme ton cercueil.

Même si la loi doit oublier
les années de sang et de deuil
pour pouvoir, enfin, te juger,
les enfants du monde connaîtront,
tes crimes affreux sur mon sol.

Dans un pays froid et lointain,
tu t’en iras, mort de chagrin,
dans une demeure étrangère.
Comme nos frères exilés,
privés de sépulture chilienne.

Tu as perdu la dernière guerre,
ni blanchi, ni impuni, tu partiras.
Notre peuple t’as déjà condamné,
la mémoire a vaincu.
Loin de ta terre,
là où tu seras, coupable, tu mourras.





Mujer de vino

 


Los años han endulzado
tus manos y tu sonrisa.
Te han herido  mil tormentas,
te golpearon granizos de tristeza,
pero te has bebido el rocío
cuando la vida fue sequía.

El sol que aclara tu voz
destila sus rayos en la fruta.
Costas Adriáticas modelan
la silueta que te anuncia,
llena de aromas que cantan
en la tarde de las viñas.

Vestida de noble roble,
en la oscuridad del tiempo,
en la tibia humedad,
lentamente has madurado,
como el dulzor de la uva
que se esconde en tu mirada.

Eres racimo jugoso
de los licores prohibidos
en la vendimia del poeta.
¿ El vino añejo de mi copa,
tendrá el gusto de tu boca ?


Femme de vin

 



Les années sont venues adoucir
tes mains et ton sourire.
Des tempêtes t'ont blessée,
la grêle t'a frappée avec sa tristesse,
mais tu as bu de la rosée
lorsque la vie fut sécheresse.

Le soleil qui éclaire ta voix
distille ses rayons dans le fruit.
Côtes Adriatiques modèlent
la silhouette qui t'annonce,
pleine des bouquets qui chantent
dans la soirée des vignobles.

Habillée en chêne noble,
dans l'obscurité du temps,
dans son humide tiédeur
tu as mûri lentement,
comme la douceur du raisin
qui se cache dans ton regard.

Tu es une grappe juteuse
des liqueurs interdites
dans la vendange du poète.
Le vin vieux de mon verre,
aura-t-il la saveur de tes lèvres ?


El beso

 


Me dicen los hombres,
me dicen
que soy como un bergantín,
que tengo el viento en popa
para conquistar mi fin.

Me dicen mujeres,
me dicen,
que robo de boca en boca
el néctar de la rosa.

Me dicen niños y abuelos
que puedo ser como el sol,
despertando recuerdos y anhelos,
calentando un corazón.

Soy solamente el beso,
que se esconde en un rincón
y que salta inesperado
entre ternura y pasión.



Le baiser

 


Ils disent les hommes
ils me disent,
que je suis comme un brigantin,
que j'ai le vent en poupe
pour arriver à mes fins.

Elles disent, les femmes,
elles me disent
que je vole de bouche en bouche
tout le nectar de la rose.

Ils disent, enfants et vieillards,
que je suis comme le soleil
réveillant souvenirs et souhaits
dans les cœurs à réchauffer.

Je ne suis que le baiser
qui se cache dans les coins
et qui saute, inattendu,
entre tendresse et passion.


Poèmes inédits / Poemas Inéditos

 

(Octobre- Novembre 2005)
Natural



El viento borda entre las nubes
encajes para tus corpiños.
Los árboles al borde de los ríos
tejen puentes para tus sueños.

Las mariposas siguen el vuelo
del parpadear de tus ojos,
el pétalo se tiñe en el suelo
para imitar tus labios rojos.

La lluvia fabrica prismas
bajo la caricia del sol
y perlas sobre el mar.

Y mientras la tierra respira,
te envío con sus suspiros
el silencio de un beso mío.



Naturel


Le vent brode entre les nuages
des dentelles pour tes corsages.
Les arbres au bord des fleuves
tissent des ponts pour tes rêves.

Les papillons suivent le vol
du clignement de tes yeux.
Le pétale se teint sur le sol
pour imiter tes lèvres rouges.

La pluie fabrique des prismes
sous la caresse du soleil
et des perles sur la mer.

Et tandis que la terre respire,
je t’envoie par ses soupirs
le silence de mon baiser.


Tristeza de luna

 

Llora la tierra,
sus lágrimas de mar,
sangra el monte
en sus ríos torrentosos.

Y la luna mira desde lejos
el espectáculo de un mundo vivo.

Gime entonces el viento
su queja de tormentas,
grita en lo alto el cielo
sus rayos de estruendo.

Y la luna sigue mirando,
la corteza del planeta.

Mueren los hombres
sus vidas tan efímeras,
callan las aves
sus melodías de primavera.

Y sufre la luna
de su celeste soledad,
de su vientre seco,
sin alma ni humanidad.






Tristesse de Lune

 

Pleure la terre
ses larmes de mer,
saigne le mont
par ses fleuves torrentueux.

Et la lune regarde de loin
le spectacle d’un monde vivant.

Gémit alors le vent
sa plainte de tempêtes,
crie dans les hauteurs le ciel,
ses éclairs de vacarme.

Et la lune continue à regarder
le cortex de la planète.

Meurent les hommes
leurs vies si éphémères,
taisent les oiseaux
leurs mélodies printanières.

Et la lune souffre
de sa céleste solitude,
de son ventre séché,
sans âme, ni humanité.





Cifras y hechos



Mil novecientos setenta y tres,
mi padre.
Mil novecientos setenta y nueve,
mi hermana, mi hermano.

Dos mil cuatro, Noviembre,
del olvido y la indiferencia
se levantan y al fin respiran,
al menos ya son cifras…

Siete mil seiscientos veintitrés,
mi padre.
Siete mil seiscientos veinticuatro,
mi hermana.
Siete mil seiscientos veinticinco,
mi hermano.

Ahora lo reconocen, ahora nos creen,
¡ Fueron torturados !

La larga batalla de tantas familias,
sale de la sombra para enfrentar
a las masas de ignorantes voluntarios.

Ahora las cifras de esa lista
encontraron sus nombres,
Jean Pierre, Gabriela Beatriz,
Juan Eduardo y veintiséis mil otros.

Ahora la línea derecha,
el salto que faltaba
para reconciliarse con la justicia,
que desde los años setenta,
reclamamos en los combates
y en las oraciones cotidianas.

Pido un minuto de silencio,
por el entierro de treinta años de silencio.


Des chiffres et des faits


Mille neuf cent soixante treize,
mon père.
Mille neuf cent soixante-dix neuf,
ma sœur, mon frère.

Deux mille quatre, novembre,
de l’oubli et de l’indifférence,
ils se lèvent et respirent enfin,
au moins, ils deviennent des chiffres…

Sept mille six cent vingt-trois,
mon père.
Sept mille six cent vingt quatre,
ma soeur
Sept mille six cents vingt cinq,
mon frère.

Maintenant, on le reconnaît, on nous croit.
Ils ont été torturés !

La longue bataille de tant de familles
sort de l’ombre pour faire face
aux foules d’ignorants volontaires.

Désormais les chiffres de cette liste
ont trouvé leurs prénoms,
Jean Pierre, Gabriela Béatriz,
Juan Eduardo et vingt-six mille autres.

Désormais, la ligne droite,
le bond qui manquait
pour se réconcilier avec la justice,
que depuis les années soixante-dix,
nous réclamons dans les combats
et dans les prières quotidiennes.

Je vous demande une minute de silence
pour l’enterrement de trente années de silence.


La fábula de las flores



Canta sus aromas la rosa,
calienta sus colores el tulipán
bajo los besos del rocío.

La pálida luz de la madrugada
refleja en los paseos del jardín
la fragancia del jazmín.

Las espinas de la rosa,
las hojas del tulipán,
los tallos del jazmín,
morirán después de los pétalos
que caerán desde el bocal…

Todas estas vidas primaverales
vivirán aún más en vuestros ojos,
plantadas en estiercol generoso
y no en vuestros ojales.







La fable des fleurs

 

Chante ses arômes la rose,
chauffe ses couleurs la tulipe
sous les baisers de la rosée.

La lumière pâle de la matinée,
reflète sur les allées du jardin,
la fragrance du jasmin.

Les épines de la rose,
les feuilles de la tulipe,
les tiges du jasmin,
mourront après les pétales
qui tomberont du bocal…

Toutes ces vies printanières
vivront davantage à vos yeux,
plantées en terreau généreux,
plutôt que sur vos boutonnières.





Plegaria de la esperanza




En el cenicero muere cada pensamiento,
las colillas son pequeñas tumbas de mi historia.
En el fondo del vaso se ahoga mi sentimiento,
con agua y vino se va limpiando la memoria.

El tiempo está contento de ir de un paso lento
y sólo las nubes tejen coronas de gloria,
todo parece destinado al fin del momento
y la vida cae al fondo oscuro de la noria.

Entonces apareces con tu luz primaveral,
con esas manos suavecitas de madre y de hogar,
con esa fuerza de padre, bruta y torrencial.

Esperanza, todo el mal para poderte atrapar,
entre tantas lágrimas, angustias y dolores,
ven a mi pecho y siembra en mi alma tus flores.



Prière de l’espoir

 

Dans le  cendrier meurt chacune des pensées,
tous les mégots sont les tombes de mon histoire.
Au fond du verre se noie ce que j’ai aimé,
avec l’eau et du vin je nettoie la mémoire.

Le temps est gai de partir sans être pressé,
les nuages tissent des couronnes de gloire,
à la fin du moment tout semble destiné
et la vie tombe au fond du puits obscur du soir.

Alors tu surgis dans ta clarté de printemps,
avec ces mains douces de mère et de foyer,
avec la force d’un père, telle un torrent.

Espoir, tout ce mal pour pouvoir te rattraper,
parmi les larmes, les angoisses et les douleurs,
viens dans mon cœur, dans mon âme sème tes fleurs.




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